Carte d’identité est la première
pièce d’une série utilisant le fil de fer
barbelé comme fil rouge narratif des
créations de l’artiste. Un matériau détourné
de ses fonctions et connotations usuelles et
étonnamment associé à des sentiments élevés
comme l’amour, la protection, la
nostalgie... Celle des moments passés dans
l’enceinte de la maison de la grand-mère,
dans ce petit univers bien séparé de la
rudesse du monde extérieur par des clôtures
en fils de fer barbelés.
Une vraie madeleine de Proust pour Miguelina
Rivera, qui, au sortir de ses études aux
Beaux-Arts, choisit le métal et le barbelé
comme objets-sujets pour symboliser ses
origines dominicaines, ses racines
culturelles et, plus loin, l’identité
collective des populations caribéennes.
L’évocation des paradis perdus de l’enfance
passe aussi par l’emblématique savon cuaba,
un produit à base de glycérine végétale,
omniprésent dans la vie des Dominicains,
dans leurs foyers, tant pour l’hygiène
intime que pour les linges et textiles.
C’est par la combinaison de ces deux
éléments à fort pouvoir symbolique,
diamétralement opposés par nature, mais si
proches dans la culture et les traditions
locales, que s’enracine le concept de
Carte d’identité.
Dans ce puzzle figurant une empreinte
digitale géante, les fils de fer barbelés
redessinent la courbe des lignes
papillaires, immortalisées dans la matière
translucide du savon cuaba. Un savon à
l’essence de cannelle, comme un clin d’œil à
la peau ambrée des autochtones.
Une composition de 24 pièces qui célèbre
l’union des contraires comme partie d’un
tout. Une signature identitaire, tout en
contrastes et évocations puissantes, entre
le piquant du barbelé, symbole de protection
physique et suprême, et les senteurs
familières et lénifiantes du savon cuaba,
dont le souvenir mêle confusément pureté et
flétrissure, intimité et communauté, colère
et apaisement, crainte et soulagement,
punition et rédemption...
MATERIAUX Savon Cuaba à l'essence de cannelle et fil de fer barbelé
Année 2000
Dimension 117 x 150 x 5 cm